Dans un passé pas si lointain, au XIXe siècle, la forêt n’était pas si étendue qu’aujourd’hui. La vie était rude, la terre pas très généreuse pour nourrir les familles dans les parties hautes de la commune.
L’attrait de la ville proche et ses emplois plus sûrs, avec des salaires assurés même s’ils n’étaient pas très élevés, a progressivement vidé les campagnes. Les deux guerres 1914-1918 et 1939-1945 ont accéléré l’exode. La forêt a rapidement envahi les maisons abandonnées. Si la terre n’était pas généreuse pour faire pousser le blé, elle l’était beaucoup plus pour faire pousser les arbres. Déjà en 1555, Jean du Choul dans son Voyage au Mont Pilat écrivait de Doizieu : « La nature pourvoit avec plus de facilité à la nourriture des sapins qu’à celle des hommes. »
Le secteur entre Saint-Just et la Croix de Montvieux était encore très habité au début du vingtième siècle. La forêt se cantonnait sur le secteur entre Alirant et les fermes de Veylon. Sur le haut, les communaux étaient des pâturages communs où les agriculteurs des alentours pouvaient faire paître leurs troupeaux. La loi de 1882 relative à la restauration des terrains en montagne a fait obligation à la commune de
planter les communaux. En 1904, le conseil municipal refuse de planter les communaux de Veylon ; ils furent cependant plantés entre 1909 et 1914 au grand désarroi des habitants du secteur.
Plusieurs hameaux ont disparu. Quelques ruines témoignent encore du passé, mais seul l’observateur averti saura les retrouver.
- Alirant, situé entre Gardier et le Chatelard était encore occupé en 1939 lors de l’électrification du secteur. Les ruines sont encore bien visibles. Ce hameau était électrifié. Au-dessus du hameau on
peut découvrir la carrière de granit. Ce granit de bonne qualité était utilisé pour faire des pavés pour les routes; une partie a été utilisée dit-on pour la route entre La Grand-Croix et Lorette. - La Litarie, située en contrebas du chemin entre Veylon et le Collet. On y distingue les ruines de deux fermes. Aujourd’hui seuls les sangliers semblent y trouver des conditions de vie agréables.
- La chaux de Veylon, appelée Pied de Veylon dans certains recensements. Des pans de murs encore bien conservés laissent à penser que cette ferme était assez importante. Elle était également
électrifiée.
- Les Clos, appelés aussi chez Jean Barche, le surnom du dernier occupant. Ce vieil homme habitait seul dans une maison noircie par la fumée du feu de bois, ses plus proches voisins étaient à Champin. Des habitants de l’Ollagniére et de Champin s’en souviennent : enfants, ils lui montaient chaque jour sa soupe. Lorsqu’il tomba malade, en 1954, les voisins le descendirent, couché dans un tombereau rempli de paille. Les ruines sont encore bien visibles ainsi qu’une mare circulaire. Un peu plus haut, une deuxième ruine est encore visible mais très dégradée. Le nom de ce lieu est sans doute dû aux nombreux murets formant des enclos autour des parties cultivées.
- Bramefaim, sur la route forestière entre la croix du Janorey et la croix de Monvieux. Une deuxième maison était située à une centaine de mètres plus haut. Entre les deux une petite mare en pierre est encore bien conservée.
- Fontaillou, en dessous de la route forestière entre la croix du Janorey et la croix de Monvieux, au niveau du dépôt de bois à la cime de la côte. Des pans de mur ont résisté au temps. Nous n’avons pas
de renseignements sur son histoire. - Foumouri ou Margoué : on retrouve le nom de Foumourie et Font Maury dans des recensements du 19e siècle. Ce hameau se situait sur la route forestière de la Croix de Monvieux en venant de la Croix du Janorey, au milieu du premier pré à droite. Il n’en reste rien aujourd’hui. Nos ancêtres pouvaient venir s’y divertir, une auberge ou buvette donnait bal le dimanche.
D’après les recensements du 19e siècle on peut estimer la population de ces sept hameaux à plus de 60 habitants.
Avec les amis de Doizieux nous sommes allés à la découverte de ces hameaux. Si vous avez des précisions ou anecdotes à ajouter, n’hésitez pas à me contacter. Vos propositions sont les bienvenues
pour aller découvrir d’autres hameaux oubliés.
Dominique Crozet